Paroles d’alumni • Entretien avec Clovis Flayols, co-fondateur de Lab 418
Clovis Flayols, co-fondateur de Lab 418, association de l’école créée en 2017, diplômé de l’ensa•m et dans la vie active désormais, nous parle de son parcours inspirant et de son travail sur la maquette de l’IMVT, un projet qui fusionne architecture et technologie numérique. Rencontre.
Pour Clovis Flayols, le désir de construire et de créer a toujours été présent. « J’ai commencé à expérimenter dès mon enfance, à Saint-Maximim, avec Minecraft, où je modifiais et construisais des univers. À huit ans, j’ai eu accès au vieil ordinateur familial, et cela a été le début de ma passion pour les outils numériques. »
Au lycée, il a réalisé que l’ordinateur était un outil essentiel, non seulement pour combler ses lacunes en calligraphie « je suis gaucher et mon écriture était quasiment illisible », mais aussi pour développer ses compétences en dessin. « À l’école, j’ai appris à dessiner et à écrire correctement, ce qui m’a aidé à me concentrer. Mon ordinateur est devenu mon allié, et il m’a beaucoup rendu. »
Clovis a obtenu un bac professionnel d’assistant architecte après avoir été major de sa promotion. Son parcours a été marqué par une immersion dans les études, lui permettant d’échapper à un quotidien difficile. « Dès le collège, j’avais l’ambition de faire de l’architecture, et après le lycée, j’ai postulé dans cinq écoles, toutes acceptées. J’ai choisi Marseille pour la beauté des calanques. »
En intégrant l’école d’architecture, Clovis a été confronté à un nouvel environnement où la créativité était primordiale. « Mon professeur en arts plastiques, Dominique Leblanc, m’a encouragé à développer mes capacités artistiques en deuxième année. Mes études techniques m’avaient montré que la partie représentation d’architecture par le dessin 2D ou 2D. Mais ma découverte d’autres outils comme Archicad ou Revit m’ont permis de mettre la représentation de côté et me concentrer sur la conception ».
Également, fort de ses expériences lors des stages effectués dans sa formation précédente, Clovis est étonné de constater qu’on utilisait alors que peu les ordinateurs en archi. « J’avais un slogan que j’affichais et répétais à mes camarades : on parle d’espace 3D pourquoi rester sur de la 2D ? » Aujourd’hui je peux répondre : La 2D permet d’être précis dans le dessin technique, et la 3D de mieux représenter l’espace. Idéal pour le grand public ».
C’est avec cette ouverture d’esprit qu’est née l’idée de Lab 418, une association étudiante dédiée au numérique dans le domaine de l’architecture. « En 2017, avec Cédric Flour, nous avons voulu donner aux autres étudiants les outils nécessaires pour apprendre, et cela a bien marché dès le début grâce au soutien de l’école qui nous a fourni du matériel. »
Le projet de l’IMVT en réalité virtuelle
Clovis a eu l’opportunité de travailler sur un projet innovant : la création d’une visite virtuelle de l’IMVT. « Après mon premier projet en réalité virtuelle, le service communication m’a demandé si je pouvais réaliser quelque chose sur le bâtiment du futur IMVT. Avec Cédric, nous avons collaboré avec l’agence NP2F pour obtenir les plans, et la visite virtuelle a été un véritable succès lors des journées portes ouvertes et des événements de l’école. »
Son expérience ne s’arrête pas là. Il a également réalisé une visite virtuelle de l’école de René Egger avant l’extension de 1995, un projet passionnant qui lui a permis de plonger dans les archives.
Parcours académique et résilience
« Entre-temps, j’avais organisé mon emploi du temps pour redoubler deux matières essentielles afin d’étaler mes études sur plusieurs semestres. J’ai ainsi pu envisager ma licence sur 4 ans, ce qui m’a permis d’être actif au sein du Lab 418 pendant mon temps libre. J’ai obtenu ma licence, mais arrivé en master, à cause de la pression constante, j’ai décidé de faire un semestre de césure tout en travaillant en agence. Mon ami Cédric et mes camarades du Lab m’ont beaucoup soutenu durant cette période difficile. »
Clovis a pu reprendre le master avec une méthode qui lui permettait de centraliser ses cours sur ses centres d’intérêt et d’approfondir ses connaissances, notamment à travers un projet de fin d’études (PFE) soutenu avec Antoine Kilian. « Nous avons abordé tous les aspects du projet en binôme, avec Alexandra Jamet. C’était l’un de mes meilleurs semestres en termes de qualité de travail. Nous avons même transformé notre atelier en un second chez nous, avec un canapé amené pour plus de confort. »
Il porte un regard bienveillant sur ses études : « Ce fut une grande découverte sur plusieurs aspects : sur le plan social avec le Lab 418, grâce à des rencontres avec des enseignants comme Didier Dalbera ou Dominique Leblanc, qui m’ont ouvert les yeux sur de nombreuses choses. Intellectuellement, j’ai acquis également une nouvelle manière de penser, essentielle pour exceller dans ce métier ».
Clovis insiste sur l’importance de la curiosité et de la recherche de mentors. « Si je devais donner un conseil aux étudiants, ce serait d’être curieux et de trouver un phare à suivre. Pour moi, ça a été le numérique. Cela permet de poser des questions judicieuses et d’avancer dans son parcours. »
L’impact du numérique dans l’architecture
Clovis se dit épanoui dans son travail actuel à l’agence Carré à Marseille, où il utilise le numérique pour automatiser certains processus. « Travailler en 3D nous permet d’avoir tous les éléments en 2D si nécessaire, ce qui nous rend plus compétitifs et plus rapides. Modifier nos plans devient un jeu d’enfant. »
Dernièrement, l’IMVT a fait à nouveau un retour dans la vie de Clovis. L’école l’ayant sollicité pour la réalisation de plans perspectives du bâtiment, utilisables entre autres pour la Journée Portes Ouvertes de février 2025. « J’ai été ravi et j’ai accepté avec grand plaisir… c’était une sorte de retour sur mon propre travail… pour achever un épisode important de mon parcours et appliquer ce que j’avais appris depuis ».
Il partage également ses réflexions sur l’intelligence artificielle : « L’IA est un outil puissant, mais il faut savoir l’utiliser judicieusement. Elle ne saura pas remplacer l’humain dans la capture des émotions et de la psyché. » En fait, sans paraître trivial, il reprend en souriant : « L’IA c’est comme un marteau, il faut savoir l’utiliser sans se donner des coups sur les doigts ».
Aujourd’hui, Clovis Flayols continue d’explorer les synergies entre architecture et numérique, avec une volonté constante d’enseigner et de partager son savoir. Son parcours est une véritable source d’inspiration pour celles et ceux qui souhaitent allier passion et profession dans un monde en constante évolution.