Jardiner

Université populaire 2021 — Cours #1
Les actes fondamentaux III

Samedi 06 février à 11h
En direct sur pavillon-arsenal.com

Par Richard Scoffier, Architecte, Professeur & Philosophe

Comme les années précédentes, nous allons revenir sur des actes triviaux qui nous paraissent naturels mais qui ne le sont pas, parce qu’ils sont produits par des dispositifs architecturaux qui, telles les mains d’un sculpteur, les modèlent et leur donnent forme. Jardiner, soigner, punir, jouir… Entrons d’abord dans le jardin. Il peut apparaître, plus que la ville qui échappe toujours à ses auteurs, comme le but ultime de toute architecture. C’est un environnement composé sur mesure autour de l’être humain. Une nature de synthèse qui permet à l’homme de se développer de manière optimale, contrairement à la vraie nature qui ne tolère qu’à peine ce parasite en son sein…

Paradoxalement, c’est dans le jardin que l’architecte devrait trouver son plein accomplissement, dans un savoir-faire qui n’est pas le sien mais celui du jardinier ou du paysagiste. Le Paradis décrit dès les premières pages de l’Ancien Testament comme le lieu pour lequel l’homme a spécialement été créé, est un mot dont l’étymologie est persane. Il désigne des fragments de nature luxuriante ceints de murs et placés en plein déserts, où plantes et animaux se développent librement autour de bassins alimentés par des canaux souterrains collectant l’eau des montagnes alentour. Des espaces vivants que les empereurs perses s’enorgueillissaient de construire alors que d’autres s’épuisaient à élever des pyramides, des monuments aussi morbides que stériles. Reprenant cette tradition, Louis XIV a ainsi établi à Versailles plus qu’un palais : un immense parc – convoquant toute la technologie de pointe de son temps – pour capter les eaux nécessaires au jaillissement de ses multiples fontaines.
Ce qui nous permet de dégager une autre origine de l’architecture : ni grecque, ni égyptienne, mais perse ou babylonienne. Une origine plus en phase avec les aspirations des citadins d’aujourd’hui qui fuient les agoras et les colonnades de marbre pour se réfugier dans les jardins publics, les toitures plantées ou les rebords de fenêtre fleuris…

Voir sur le site du Pavillon de l’Arsenal

prochaines dates

  • 2e COURS – SOIGNER
    Samedi 27 février 2021, 11h – 13h
  • 3e COURS – PUNIR
    Samedi 20 mars 2021, 11h – 13h
  • 4e COURS – JOUIR
    Samedi 10 avril 2021, 11h – 13h