Séminaire en ligne • AAF (Afrique-Architecture-Formation) • Bioclimatique et numérique • Mardi 09 décembre 2025 • 9h30-11h00

Dans le cadre du programme Afrique-Architecture-Formation (AAF), se déroulera le mardi 09 décembre 2025 le séminaire en ligne « Bioclimatique et numérique » (WP3-6), axé sur des problématiques bioclimatiques capitalisées, valorisées et diffusées par l’outil numérique. Il a pour objectif de sensibiliser l’esprit critique vis-à-vis des outils numériques mobilisés dans le projet situé par la présentation de projets de recherche académique articulant bioclimatique et numériques.

Séminaire en ligne le mardi 9 décembre 2025 – 9h30-11h

https://marseille-archi-fr.zoom.us/j/96698738444?pwd=V5avwwPtaOaz8IuVmxEYlfQWcAJVre.1

ID de réunion : 966 9873 8444

Code secret : 592944

Afrique – Architecture – Formation (AAF)

Afrique – Architecture – Formation (AAF) est un projet européen ERASMUS+ Capacity Building, qui vise à appuyer le secteur de l’enseignement de l’architecture en Afrique subsaharienne. Le projet s’inscrit dans les perspectives ouvertes par les postcolonial studies qui obligent à enrichir les référentiels occidentaux en opérant des « décentrements » (Achille Mbembe, 2006) visant à mieux prendre en compte des théories et des pratiques propres aux contextes africains en repensant une articulation entre le « local » et le « global ».

Les établissements d’enseignement supérieur partenaires sont : l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille (France), l’École Africaine des Métiers de l’Architecture & de l’Urbanisme (Lomé, Togo), l’Institut Régional d’Enseignement Supérieur & de Recherche En Développement Culturel (Lomé, Togo), l’Universitéś de Lubumbashi (République Démocratique du Congo), l’Université Kongo (Mbanza-Ngungu, République Démocratique du Congo), l’Institut Supérieur d’Architecture & d’Urbanisme (Kinshasa, République Démocratique du Congo). Sont aussi partenaires : l’Ordre National des Architectes du Togo et l’Ordre National des Architectes de la République Démocratique du Congo.

Le séminaire : programme

Le séminaire s’articulera autour de présentations de deux projets de recherche portées respectivement par l’Ensa-Marseille et la Faculté d’architecture de l’Université Kongo.

9H40-10h05 : Gianluca Cadoni, Christel Marchiaro, Chiara Silvestri (Laboratoire Project[s], Ensa-Marseile)

Un inventaire des ressources locales en ligne : Une aide à la conception bioclimatique pour des projets situés.

10h15- 10h40 : Mylène Koko Zola, Christian Tumuinimo Mambote (Faculté d’architecture de l’Université Kongo)

Analyse bioclimatique et modélisation patrimoniale des bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu.

Les bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu offrent un terrain d’étude fascinant pour le bioclimatisme. Ces bâtiments représentent des réponses architecturales pensées pour le contexte climatique et environnemental local, avec des matériaux spécifiques. Ils constituent également un témoignage précieux de l’histoire et des solutions constructives du passé (bungalows coloniaux, double toiture, toits ventilés, tuiles, maisons sur pilotis, etc.).

Cette présentation a pour but de mettre en valeur les bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu en utilisant des outils numériques comme la modélisation patrimoniale (par les Systèmes d’information géographique) et la photographie, à travers leurs localisations, leurs informations historiques ainsi que leurs caractéristiques bioclimatiques. Elle se base sur les recherches et enseignements menés au sein de la Faculté d’Architecture de l’Université Kongo à Mbanza-Ngungu, par une équipe d’enseignants et étudiants, dans le cadre des cours d’Architecture coloniale et patrimoine et des systèmes d’information géographique (SIG).

  • Résumés.

« Un inventaire des ressources locales en ligne : Une aide à la conception bioclimatique pour des projets situés ». G. Cadoni, C. Marchiaro, C. Silvestri.

Depuis les années 90, nous vivons de grandes mutations, entre soutenabilité et digitalisation. Ces nouveaux paradigmes modifient nos manières d’être-au-monde. Les crises successives amplifient ces phénomènes et montrent que la plupart de nos modèles sont échus y compris ceux de l’architecture, du projet et de son enseignement. Matière et énergie sont désormais des enjeux, à penser avec sobriété.

Pour répondre à ces défis, nous proposons : de substituer à notre pensée analytique, une pensée systémique complexe (Morin, 1990) ; de substituer aux concepts de territoire et de paysage, ceux de bio-région (Thayer, 2003, Rollot, 2021) et de milieu (Younès, 2010, Nussaume, 2018) ; de ne plus placer l’Homme au centre de tout mais faisant partie d’un tout (Flahault, 2013), donc de s’attacher aux reliances (Bolle de Bal, 2003) entre les êtres vivants et leurs milieux ; de ne plus faire et prendre ce que nous voulons, mais de penser à partir de ce que nous avons, nos ressources (Younès, 2016, Fiévé, Guillot 2021).

Notre rapport à la matière évolue.  Pour Vitruve (30-20 av. J-C.), la connaissance de l’architecte procède d’abord de la pratique, qui se réalise dans le travail manuel à partir de la matière. Inversement, Alberti (1485) ouvre l’ère moderne du projet en le fondant sur le dessin, qui permet de projeter mentalement des formes indépendamment de toute matière. Aujourd’hui, Ingold (2013), entre autres, propose un nouveau renversement : penser le faire comme la confluence de forces et de matières, bien que le fabricant ait une forme à l’esprit, ce n’est pas elle qui crée l’œuvre, elle résulte de l’engagement du fabricant avec cette matière.

Désormais, la MaT(i)erre(s) (Younès, 2016), est posée comme un catalyseur de conception (Nussaume, 2021), dont découlent de nouvelles manières de projeter, caractérisées par un fort engagement professionnel, éthique, social, voire politique. Il ne s’agit plus de prescrire des matériaux, mais d’aller les chercher dans les territoires, de dynamiser ou créer des filières. Même le climat (Gaillard, 2021) est englobé dans la notion de ressources, dont l’étymologie (Fiévé, 2021) et l’emploi élargi (conférant à la polysémie), sous-tendent un rapport vital entre les êtres vivants et leurs milieux.

Pour accompagner ce renversement intellectuel et ce renouvellement des pratiques projectuelles, consistant à penser l’architecture à partir des ressources locales, nous avons élaboré un inventaire cartographié multiscalaire de ces dernières[1], dans le cadre d’un séminaire de master à l’ENSA-Marseille. Nous avons d’abord redéfini la région Sud selon une approche bio-régionale (géologie, bassins versants, couvert végétal, climat). Sur cette base, nous avons repéré et cartographié le climat et les sources d’énergies naturelles (soleil, vent, eau, terre, biomasse), les matières et matériaux bio & géo sourcés (bois, fibres, terre, pierre) et les savoir-faire (assembler, tisser, mouler, empiler). Nous les avons étudiés à travers les dispositifs spatiaux, constructifs et bioclimatiques de l’architecture rurale vernaculaire, une « architecture de sol » vers laquelle tendre, car conçue et construite avec des matières renouvelables ou réutilisables, peu transformées, issues de circuits courts, mises en œuvre par des savoir-faire traditionnels, ayant un impact modéré sur l’environnement. Pour cela, nous avons mobilisé le corpus de l’EAR 1425[2], complété par des exemples issus de nos enquêtes in situ.

Notre premier objectif, pour cartographier l’inventaire, a notamment été de définir et trouver les ressources climatiques et constructives locales. Nous avons croisé des données archivistiques, empiriques et numériques, en particulier pour les gisements et cultures, tout comme pour le climat.

Notre second objectif étant d’accompagner les architectes dans la conception de projets architecturaux situés, par l’optimisation du climat et l’emploi de matériaux locaux, nous avons mis en ligne l’inventaire, en construisant une plateforme interactive dédiée.

La communication reviendra en particulier sur la collecte et l’exploitation des données numériques et sur la construction du site internet.

 

« Analyse bioclimatique et modélisation patrimoniale des bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu ». M. Koko Zola, C. Tumuinimo Mambote.

Les bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu offrent un terrain d’étude fascinant pour le bioclimatisme. Ces bâtiments représentent des réponses architecturales pensées pour le contexte climatique et environnemental local, avec des matériaux spécifiques. Ils constituent également un témoignage précieux de l’histoire et des solutions constructives du passé (bungalows coloniaux, double toiture, toits ventilés, tuiles, maisons sur pilotis, etc.).

Cette présentation a pour but de mettre en valeur les bâtiments coloniaux à Mbanza-Ngungu en utilisant des outils numériques comme la modélisation patrimoniale (par les Systèmes d’information géographique) et la photographie, à travers leurs localisations, leurs informations historiques ainsi que leurs caractéristiques bioclimatiques. Elle se base sur les recherches et enseignements menés au sein de la Faculté d’Architecture de l’Université Kongo à Mbanza-Ngungu, par une équipe d’enseignants et étudiants, dans le cadre des cours d’Architecture coloniale et patrimoine et des systèmes d’information géographique (SIG).

 

 

  • Légendes images.

Fig. 1. Construction d’une bio-région.

Fig. 2. Site « inventaire-ressources-paca.marseille.archi.fr » : carte du climat.

[1] Inventaire des ressources locales (PACA) : traditions, potentiels, nouveaux modèles, mené au sein du séminaire de master Les matériaux du projet à l’ENSA-Marseille, depuis mars 2021, comportant 4 volets : pédagogique, scientifique, professionnel, médiation.

[2] G-H. Rivière (1897-1985), muséologue, fondateur et premier directeur du musée national des Arts et Traditions Populaires à Paris, initie et conduit l’Enquête sur l’Architecture Rurale 1425 (ou Chantier 1425), de 1941 à 1946. Une quarantaine d’architectes sillonnent les départements français pour effectuer des enquêtes (relevés et photos) pour réaliser 1660 monographies (Mucem – Archives nationales). En 1969, J. Cuisenier (1927-2017), ethnologue et deuxième directeur du musée des ATP, de 1966 à 1988, actualise le corpus de l’EAR 1425 avec une centaine de monographies supplémentaires, pour constituer le Corpus de l’architecture rurale française. 23 volumes sont publiés entre 1977 et 2001, dont : Provence, Comté de Nice, Dauphiné (correspondant à PACA).