Portrait • Ken Novellas : Rencontre avec un Enseignant-Chercheur Passionné
Entre passion du paysage et goût de la transmission, Ken Novellas incarne une nouvelle génération d’enseignants-chercheurs, ancrée dans son territoire. Découverte des étapes marquantes de son parcours ainsi que des motivations qui le poussent à avancer. Rencontre.
Un Parcours ancré dans la transmission
« Mon père était affichiste de cinéma, et le fait de le voir dessiner m’a inspiré dès mon enfance, » raconte-t-il. Après un lycée agricole à Marseille, il poursuit un BTS en aménagement paysager à Antibes, avant de s’engager dans une classe préparatoire aux écoles de paysage et une licence de géographie à l’Université de Nice. Son chemin l’a finalement conduit à l’École de paysage, où il a également obtenu en parallèle un master en urbanisme à l’Institut d’Urbanisme.
L’enseignement a toujours joué un rôle central dans sa vie. « Mes parents étaient en contact avec de nombreux jeunes. Cela m’a poussé à vouloir transmettre mes connaissances, » explique-t-il. Sa décision de réaliser une thèse en est une preuve : « C’était aussi un moyen d’enseigner », confie-t-il, ajoutant qu’il a également été vacataire à l’ensa•m, donc en architecture, ce qui lui a permis de découvrir son appétence pour la pédagogie. « J’enseignais avec Alexandra Biehler en S 3. C’est une superbe première expérience ».
Aujourd’hui, il se décrit comme un enseignant naturellement engagé. « Mon grand-père était instituteur, et dans ma famille, transmettre est un réflexe, » souligne-t-il. Sa thèse, axée sur l’aménagement du littoral face aux risques climatiques, lui permet de maintenir un lien avec la pratique professionnelle. Véritable oiseau de nuit, il évoque l’écriture de sa thèse « Je trouve que travailler la nuit, par exemple, est un cadre propice à la réflexion, mais ça ne regarde que moi » ajoute-t-il avec enthousiasme.
Il est désormais attaché d’enseignement et de recherche, enseignant-chercheur rattaché au laboratoire LIEU à l’IUAR-amU. Dans ce cadre, il est également co-responsable du parcours « Paysage aménagement et urbanisme écologique » avec Benoit Romeyer.
C’est encore avec Benoit Romeyer qu’il s’engage dans le programme « Les fabriques de la Connaissance » avec comme sujet L’Observatoire Photographique du Paysage Régional. Dans ce cadre, une étude plus spécifique, menée sous la forme d’un atelier étudiant, a ainsi été conduite sur une cinquantaine de sites pour autant de clichés réalisés et de fiches-actions associées. « Ce premier évènement s’est révélé très intéressant et les étudiants ont fourni un excellent travail qui a donné lieu à une exposition avec l’aide de la Région et par effet boule de neige, plusieurs lieux l’ont accueillie comme les Géo data days. Notre travail a été également présenté à l’UNOC à Nice et au domaine du Rayol. Et on s’est dit que ça coulait de source : il fallait qu’elle soit exposée à l’IMVT ! » C’est désormais chose faite et en septembre dernier, Ken Novellas a animé la table ronde sur le thème « Des observatoires photographiques des paysages pour rendre visible ce que l’on ne voit plus » dans le cadre des mardis de la bibliothèque avant le vernissage de l’exposition. Cette année, le sujet de l’atelier étudiant porte sur la montagne, plus particulièrement le site où vont se dérouler les Jeux Olympiques d’hiver, dans les Alpes, à Briançon « En parallèle de l’atelier, les étudiants vont sur le terrain de septembre à janvier avec comme focale « comment imaginer la ville de Briançon post JO ? » », précise-t-il.
Défis et Engagement Professionnel
En tant qu’ATER, Ken jongle entre responsabilités d’encadrement et objectifs de recherche. « Mon poste est un tremplin vers un statut d’enseignant-chercheur titulaire. Il me faut publier mes recherches et organiser des événements pour valoriser mon travail, » explique-t-il.
L’enseignant-chercheur se passionne particulièrement pour les ateliers de projet. « Aider les étudiants tout en leur laissant de la liberté de création est très gratifiant, » affirme-t-il. « L’émulation collective est essentielle, et travailler en groupe avec d’autres écoles crée une belle dynamique. »
Son domaine de recherche est tout aussi engageant. « Je suis paysagiste et urbaniste, avec un intérêt particulier pour la réglementation en urbanisme sur les risques littoraux, » Ainsi, son sujet de thèse abordait des cas concrets comme l’étang de Berre et le golfe de Fos, en mettant l’accent sur l’impact des changements climatiques.
Il croit fermement que la recherche doit enrichir l’enseignement. « Elle ouvre des perspectives sur des problématiques contemporaines, » dit-il, insistant sur l’importance d’aborder les enjeux actuels de manière engageante pour susciter l’intérêt des étudiants. « On essaie de leur proposer des ateliers avec des enjeux réels et de les encourager à s’impliquer activement, » ajoute-t-il.
Pour les futurs étudiants et jeunes professionnels, Ken a des conseils avisés : « Participez à des concours d’idées et travaillez en équipe. C’est une excellente façon de se confronter au monde professionnel tout en apprenant à collaborer. Participez même sans gagner, fait grandir. Moi j’ai eu rapidement le besoin d’essayer de travailler : notamment de répondre à plein de concours d’idées. Pendant notre dernière année d’études, avec mes amis, nous avons gagné un concours d’idées à Pierrevert, un amphithéâtre de verdure appelé aujourd’hui le parc André Turcan… qui a donné plus tard lieu à un appel d’offres. » A cette période, il créé Puya Paysage avec des amis , une agence de paysagistes dans laquelle il travaille pendant 3 ans. Mais les sirènes de la recherche se rappelle à son souvenir et il entame sa thèse en paysage, qu’il soutient en novembre 2024, à l’IMVT.
Aujourd’hui, il se prépare à participer à plusieurs événements significatifs, dont le premier, intitulé « Habiter un littoral en mouvement : formes, pratiques, représentations, » se tiendra à l’ENSA Normandie les 24 et 25 novembre 2025. « C’est une occasion de discuter des dynamiques littorales, » souligne-t-il. Le second événement est la 14e édition du colloque pluridisciplinaire AsTRES, qui explorera les relations entre touristes et habitants à l’UPHF de Valenciennes.
Ken a contribué à plusieurs publications, dont un chapitre dans le livre « Le paysage en projet – entre ruptures, continuités et flexibilités, » paru en août dernier aux Éditions Harmattan.
La Force du Projet IMVT à Marseille
Son engagement envers l’éducation et la recherche est palpable, et il se dit enthousiaste à l’idée de contribuer à l’IMVT, en espérant que ses recherches bénéficieront à sa ville et à son quartier d’origine à Marseille, lui qui se définit comme « pur produit du centre-ville ».
Pour lui, le projet IMVT est unique et va dans le sens de l’histoire : « la mutualisation des compétences entre architectes, paysagistes et urbanistes est fondamentale. Il y a dans chacune de ces spécialités une culture de projet qui peut être différente, certes, mais complémentaire. Car dans la vie professionnelle, on ne travaille jamais seul… ». Ken ajoute « je suis fier que ce projet IMVT soit né à Marseille, ma ville natale, une ville méditerranéenne ».
Claudie GAUDIN
Photographie Jimmy Benhamou
