Les Larmes du Prince — Monuments

Exposition monographique

Du 06 octobre au 2 décembre 2018
Petite galerie du centre d’art contemporain Les Tanneries à Amilly (Loiret)

Artiste : Anne-Valérie Gasc, maître de conférences à l’ensa•m. Sur proposition d’Emmanuelle Chiappone-Piriou.

Après  avoir  questionné  les  écueils  du  Modernisme,  Anne-Valérie  Gasc  poursuit  son  exploration des  desseins  politiques,  symboliques  et  sociaux  incarnés  par  l’architecture,  en  une  suite  de projets  intitulée  “Les  Larmes    du  Prince”,  entamée  en  2015.  Aux  Tanneries,  elle  choisit  de présenter  une  nouvelle  étape  de  ses  recherches  qui  se  matérialisera  en  deux  temps  :  à l’échelle  de  la  maquette  et  de  l’esquisse  dans  l’exposition  “Monuments”  (Petite  galerie), puis  à  échelle  monumentale  dans  la  Grande  halle  au  printemps  2019.

Anne-Valérie  Gasc  explore  les  évolutions  de  ce  désir  formel  qui,  héritier  des  visions cristallines  et  ductiles  de  l’architecture  de  verre  (Glasarchitektur)  du  début  du  20e  siècle, se  manifeste  aujourd’hui  dans  des  architectures  contemporaines  générées  à  l’aide  d’outils numériques.  Par  un  travail  plastique  basé  sur  une  compréhension  fine  des  procédures  digitales et  de  leurs  possibilités  matérielles  et  plastiques,  Anne-Valérie  Gasc explore  les  enjeux de  cette  production  où  le  rôle  de  l’outil,  devenu  prépondérant,  pousse  les  spéculations formelles  au-delà  de  toute  réalité  constructive.

Architectures  futuristes  ou  ruines  en  devenir?  Gasc  interroge  l’incohérence  structurelle  de ses  œuvres  comme  le  signe  de  leur  échec  possible.  Ses  artefacts  pointent  l’ambigüité  d’une démarche  architecturale  contemporaine  où  la  virtuosité  technique  semble  se  suffire  à  elle- même,  fragilisant  ainsi  les  idéaux  démocratiques  que  les  visionnaires  du  20e  siècle  se donnaient  pour  ambition  d’incarner.

En  confiant  à  un  logiciel  le  tracé  “idiot”  de  ses  Doodles  Monuments,  elle  donne  forme  à  des “monuments  gribouillés”  paramétrés  numériquement,  intrigants  par  l’étrangeté  de  leurs  tracés. En  un  principe  entropique  similaire,  les  séries  d’œuvres  présentées  conjuguent  dimensions physiques  et  informationnelles.  En  poussant  à  l’extrême  les  logiques  numériques,  elles mettent  à  l’épreuve  la  matière  :  la  légèreté  du  tracé  digital
initial  trouve  des  résolutions différentes,  qu’il  se  cristallise  dans  un  objet  imprimé  ou  artisanal  (les  œuvres  Ruines et  L’Original  transparent  ont  été  réalisées  par  les  maîtres  verriers  du  CERFAV  et  du  CIAV).

Les  dizaines  de  prototypes  qu’elle  présente  dans  cette  exposition  portent  les  prémisses  d’une installation  d’envergure  prévue  pour  le  printemps  2019.  Ce  second  moment  de  monstration  vise la  construction  d’une  pièce  à  grande  échelle  conçue  et  fabriquée  numériquement  pour  la  Grande halle.  Pour  cela,  Anne-Valérie  Gasc  reprendra  l’algorithme  personnalisé  de  génération aléatoire  d’un  tracé  virtuel,  déjà  exploré  dans  «  Monuments
»,  dont  elle  confiera  la matérialisation  à  un  robot.  Ce  projet  à  échelle  1:1  repose  sur  un  usage  de  technologies de  pointe  dont  elle  explore  le  potentiel  de  création  grâce  à  des  partenariats  noués  avec le  monde  de  l’entreprise  et  de  la  recherche  dans  le  secteur  des  technologies  numériques.

Anne-Valérie  Gasc  entreprend  une  démarche  qui  est  à  la  fois  celle  d’une  chercheuse,  d’une archéologue  des  formes  construites  et  d’une  artiste  dont  la  réflexion  critique  anticipe également  les  scénarios  de  l’architecture  de  demain.  L’exposition  s’inscrit  dans  la 3e  saisons  artistique  du  centre  d’art,  “intitulée  Script,  scraps  and  tracks”.  Cette  saison sera  l’occasion  de  découvrir  nombre  artistes  marqués  par  les  conditions  de  réalisation  du geste  artistique,  du  déployé  au  tracé,  sur  une  diversité  de  surfaces  ou  plus  fondamentalement dans  l’évolution  de  leurs  propres  pratiques.

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Sur le site des Tanneries

 

Anne-Valérie Gasc

Elle vit et travaille à Marseille. Elle est résidente à la Friche Belle de Mai, où se situe son atelier et est représentée par la galerie Un-Spaced, Paris. Docteur en Arts Plastiques et Sciences de l’Art, elle est enseignante-chercheur en art contemporain à l’école nationale supérieure d’architecture de Marseille. Maître de conférences, elle donne des cours d’analyse architecturale et plastique, d’expression plastique et de théorie de l’art en Licence puis elle aborde les notions d’immatérialité/matérialité et d’homotopie en Master. Elle est également membre du laboratoire Project[s] qui place la question du projet comme objet de recherche au centre de sa problématique.