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SÉMINAIRE THÉMATIQUE DOCTORAL #2

L’interdisciplinarité et la recherche architecturale : Hybridation ou  migration de concepts ?

Mardi 04 décembre, 14h00, salle des professeurs, ENSA•Marseille

Communications des doctorants (es) discutées par Jean-Louis VIOLEAU

Ce deuxième séminaire thématique doctoral est ainsi centré sur la problématique du développement du champ de la recherche architecturale. Il se donne pour objectif d’interroger le rôle des autres disciplines dans la production de savoirs architecturaux et de porter un regard réflexif sur les recherches menées au sein du Département de la Recherche de l’école (le DREAM).

A cette occasion, plusieurs doctorants(es) de l’école présenteront leur recherche au prisme de la notion d’interdisciplinarité.  Différentes postures seront ainsi abordées :

  • L’interdisciplinarité, un terrain fécond pour le développement de la recherche architecturale dès 1969 à l’Unité pédagogique de Marseille. (Monira Allaoui)
  • L’architecte face à l’implication citoyenne dans l’urbanisme à l’heure du web ou comment il a été nécessaire de convoquer la sociologie des professions dans un doctorat en architecture (Ana Chuburu)
  • Quand un « bétonneur » s’intéresse à la nature  : Témoignage d’un architecte mobilisant l’écologie dans sa thèse  (Arnaud Sibilat)

A cette occasion, nous invitons Jean-Louis Violeau (Sociologue, docteur et HDR en Architecture, Paris-Est, professeur à l’ENSA de Nantes) afin de discuter ces interventions. Le débat sera ensuite ouvert au public.

Ce séminaire est accessible à tous, étudiants, chercheurs, enseignants. 

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CONFÉRENCE ANIMÉE PAR JEAN-LOUIS VIOLEAU

Refuser l’héritage ou comment « hériter » de Mai 68 ?

Mardi 04 décembre, 19h00, Amphi Puget, ENSA•Marseille

Résumé de la présentation de ses travaux par M. Violeau :

Refuser l’héritage : le feu couve sous la cendre et l’avant-68 annonce une profonde rupture dans le corps des architectes. Quelques élèves, pas les plus médiocres et c’est bien le problème, commencent en effet à dénoncer une esthétique académique et un art scolastique où l’idée du beau se réduit à un système de modèles et la pratique à un système de règles.

Refuser l’héritage : dénonciation de l’esthétique du fini, du rendu, de la maîtrise technique et de la reproduction, mais aussi dénonciation des formes d’existence sociale de l’Ecole des Beaux-Arts (folklore, solidarité virile, bizutage, auto-enseignement et rapport “nouvos”-anciens…) qui se prolongeaient hors les murs, au cœur de la profession, par toute une série de liens (des “repas du patron” et des anciens de l’Atelier à la généralisation de la “place”). Cette forme d’existence sociale se trouvera condensée, en Mai, dans les dénonciations du « nœud-pap », symbole d’une façon d’être et symbole de la vanité d’un architecte devenu notable.

Refuser l’héritage : aux Beaux-Arts, le climat de contestation de l’enseignement n’est donc pas apparu d’un bloc pas plus qu’il ne s’est envolé avec le printemps. S’il est vrai que Mai 68 se présente, dans de nombreux univers sociaux, comme une crise généralisée de la croyance, à l’École des Beaux-Arts, la déchirure du réseau de croyance commence bien avant Mai. Elle commence au moins avec l’arrivée de Candilis en 1964 et elle se confirme définitivement au Grand Palais à la fin de l’année suivante. De 1964 à 1967, ces années-là resteront à jamais moins célèbres que celle qui leur succédera, 68 « l’année » en majesté. Ces années-là furent pourtant cruciales.

Refuser l’héritage : la question de l’époque n’est pas « quelle architecture va-t-on faire ? », mais plutôt « comment et avec qui va-t-on la faire ? ». A la manière du dimanche de Bouvines de Georges Duby, Mai 68 est le nuage que soulèvent les vrais événements survenus avant lui, c’est-à-dire les mutations profondes.

Refuser l’héritage : problème, personne ne s’est mis d’accord depuis sur le mode d’emploi de cet héritage des années 68, né lui-même d’abord d’un refus. A chacun d’entre nous de s’en saisir. En 68, TOUT était politique ! Et aujourd’hui, tout serait positivement fluide ou désespérément liquide ?