Le métier d’architecte et le BIM

Nouvelles répartitions des tâches et des responsabilités dans les métiers de la création

Revue Techniques&Culture #5, janvier 2019 • EHESS
Article de Jérôme Guéneau

Le métier d’architecte est un métier de création très instrumenté dont les outils informatiques, et désormais collaboratifs, ont profondément transformé la pratique du dessin d’architecture et le statut même d’architecte : démonstration par Jérôme Guéneau à partir de la “révolution BIM” – Building Information Modeling.

Le BIM, acronyme de Building Information Modelling est un ensemble de procédures dites collaboratives et suites logicielles développées pour la conception des bâtiments. Il remplace les traditionnels outils logiciels de Dessin Assisté par Ordinateur (DAO) et de Conception Assisté par Ordinateur (CAO) utilisés jusqu’à aujourd’hui par les architectes, ingénieurs et bureaux d’études œuvrant dans les secteurs de la construction. Dans le « BIM » on considère une maquette figurée en 3D. Cette maquette est l’assemblage d’objets ou constituants, paramétrables, pouvant être renseignés d’une infinité de spécifications sur leur nature, qualité ou propriétés (chimiques, mécaniques, de finitions, d’usure, de coût, de maintenance etc.). Ces spécifications sont renseignées par l’ensemble des opérateurs collaborant à la définition de la maquette – architectes, ingénieurs, entreprises, clients, fournisseurs – et par l’ensemble des informations issues et collectées depuis les bases de données disponibles sur le Big Data. L’actualisation des données et informations relatives à chacun des constituants de la maquette se fait de manière automatique et en temps réel. Le BIM bouscule la nature et l’organisation du travail dans les métiers de la construction. Système collaboratif bénéficiant de la toujours plus grande rapidité, labilité et infinité des données connectées disponibles, il permet, aux dires de ses laudateurs, la plus grande conformation possible d’un modèle programmé au futur de sa réalisation. La prévisibilité tant du design de ses composants que des coûts de revient et de maintenance pour l’entièreté de la durée de vie des assemblages, autoriserait la mesure et l’élimination de toute part de risque pourtant inhérente à toute entreprise. Ce développement cherche à comprendre les nouvelles organisations du travail dans les métiers de la construction induits par les nouvelles donnes économiques et les outils numériques de conception et de gestion des projets, lesquels commandent une redistribution des rôles qui avaient jusqu’alors prévalus.

Jérôme Guéneau est maître de conférences en TPCAU à l’école. Il enseigne notamment dans le département d’études de Master : Préexistence — Constitution diffusion et mutation des arts de l’architecture (DE1-Axe3)

Lire l’article

Télécharger l’article