Richard Scoffier

Richard Scoffier

Manières de bâtir des mondes

Jean Nouvel, Rem Koolhaas, Renzo Piano

Louis-Etienne Boullée est sans conteste l’architecte qui a su, au travers de ses gravures,
dessiner un monde dramatique et prégnant proche, comme l’a très bien
montré Jean Starobinsky, de la peinture monumentale d’Hubert Robert comme
de celle plus sombre et inquiétante de Johann Heinrich Füssli.
Je vous invite à considérer quelques démarches d’architectes contemporains de
la même façon. Je vous invite à les lire – non, comme des ensembles de réponses
factuelles à des sites et des programmes – mais comme des œuvres patiemment
construites autour de quelques thèmes obsessionnels. A l’instar des œuvres littéraires
qui se déploient autour d’une notion clé : la réminiscence, chez Marcel Proust ; le devenir animal, chez Franz Kafka ou la répétition infinie d’une scène primitive,
chez Marguerite Duras…
Au-delà des questions de forme, d’écriture ou de style, considérons l’art de l’architecte
comme l’art de bâtir des mondes. Nous réinterrogerons les travaux de Jean
Nouvel, de Rem Koolhaas et de Renzo Piano comme autant d’opérateurs instaurant
des univers particuliers : celui de l’émotion originelle, celui de l’épiphanie du
réel ou celui du paradis retrouvé…
Mais peut-on encore parler de faire œuvre aujourd’hui, devant des étudiants d’une
école d’architecture ?